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Centre intégré universitaire de santé
et de services sociaux de l'Est-de-l'Île-de-Montréal

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Actualités

Une quête de recherche du rapport corps-esprit

Photo Claudia Trudel-Fitzgerald

Dans le cadre de la journée de la santé cérébrale des femmes du 2 décembre, le CR-IUSMM présente Claudia Trudel-Fitzgerald, Ph.D., qui est docteure en psychologie et psychologue clinicienne. En plus d’être chercheuse au CR-IUSMM, elle l’est aussi au Lee Kum Sheung Center for Health and Happiness à l’Université Harvard aux États-Unis.

Ses travaux de recherche portent sur l'interaction entre le fonctionnement psychologique et la santé physique. Ils examinent d’une part ce qui se passe sur le plan mental quand une personne a une maladie chronique, telle que le cancer. D’autre part, elle s’intéresse à ce qui arrive à la santé physique lorsqu’un individu vit des périodes d’anxiété ou de dépression, ou encore des niveaux élevés d’optimisme et de bonheur. C’est cette quête qui l’anime depuis plusieurs décennies.

À l’Université Laval, sa directrice de thèse Dre Josée Savard, lui a montré l’importance de la rigueur scientifique et de la recherche clinique auprès d’individus atteints de cancer. À l’Université Harvard (Harvard T.H. Chan School of Public Health), sa superviseure postdoctorale Dre Laura Kubzansky lui a fait découvrir les marqueurs positifs du fonctionnement psychologique (p. ex., optimisme, bonheur) et leur impact sur la santé cardiovasculaire à long terme chez les individus initialement en bonne santé.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?

C’est vraiment la fascination du rapport entre le corps et l’esprit humain : comment l’un et l’autre peuvent s’influencer mutuellement. À l’école primaire et secondaire, je suis devenue curieuse face à ce passionnant phénomène quand j’étudiais en danse dans un programme sport-arts-études à Québec. Et puis à l’université, lorsque j’ai suivi le cours Psychologie de la Santé, j’ai mordu dans le sujet à pleines dents. J’ai compris à ce moment-là ce que je voulais faire dans la vie.

Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?

C’est d’avoir trouvé un stage à l’Université Harvard en 2011. Je ne parlais pas très bien l’anglais à l’époque et ne connaissais personne dans cette institution de réputation internationale. De plus, j’ai décroché un stage en santé publique bien que ma formation ne fût pas dans ce domaine, mais plutôt en psychologie; je me lançais donc dans un champ de recherche que je connaissais peu. Bref, je ne disposais pas des conditions gagnantes pour que ça marche! Mais j’ai osé et persévéré. Et j’ai réussi à relever le défi : j’ai réalisé un stage d’été en 2011 à l’école de santé publique d’Harvard, alors que je faisais mon doctorat en psychologie à l’Université Laval. Ayant tellement aimé mon expérience, je suis par la suite retournée à cette même institution américaine en 2014 pour un postdoctorat et j’y ai obtenu un poste de professeure sous octroi de 2018 à 2021. Ce stage d’été a donc changé ma trajectoire professionnelle, mais aussi personnelle puisque j’ai passé de nombreuses années de ma vie à Harvard University et dans la belle ville de Boston.

Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?

Je souhaite que la population et les décideurs en santé publique réalisent l’importance de la santé mentale. Elle est aussi fondamentale que la santé physique et y est directement associée. C’est d’ailleurs un des enjeux que la pandémie a particulièrement mis en lumière. Il y a également un thème qui m’intéresse de plus en plus, ce sont les disparités sociales en santé mentale et physique chez certains groupes vulnérables, tels que les minorités raciales/ethniques, la population LGBTQ+ et les individus de faible statut socio-économique. J’espère que nos travaux permettront de réduire ces écarts avec la population en général, tant sur le plan physique que mental.

Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs?

Il faut d’abord se trouver une famille scientifique, trouver des gens qui vous soutiennent, qui croient en vous, qui vous accompagnent tout au long de la trajectoire académique. C’est important dans une carrière en recherche. Deuxièmement, je leur conseille de ne pas se laisser décourager par les échecs (p. ex., projet de recherche qui n’aboutit pas, subvention non obtenue, article refusé pour publication). On doit composer avec beaucoup de refus en recherche, mais il ne faut pas prendre ça trop personnel. Avec les années, on devient meilleurs à voir ces refus comme des opportunités d’amélioration, ce qui nous pousse à persévérer pour réussir.

Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petite?

Je voulais devenir ballerine quand j’étais aux études primaires et secondaires. Je faisais cinq heures de danse par jour : ballet, danse contemporaine, flamenco. J’allais à l’école seulement le matin. Puisque les carrières sont courtes en danse, la physiothérapie m’a attirée comme alternative. Je comptais travailler dans une compagnie de danse pour aider les danseurs qui ont des soucis de santé physique. Mais quand j’ai suivi mon premier cours de psychologie générale, au cégep Ste-Foy, je suis tombée en amour avec ce domaine des sciences sociales! Bref, ce que je fais aujourd’hui, c’est finalement l’intégration de toutes mes expériences personnelles, académiques et professionnelles, soit l’attrait empirique et clinique envers la relation entre le corps et l’esprit.

Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise dans votre quotidien?

Je fais beaucoup de yoga. Quand j’habitais à Boston, j’ai suivi plus de 500 heures de formation pour devenir professeure de yoga. Cette activité ressemble beaucoup à la danse : elle met mon corps en mouvement tout en déconnectant mon esprit. Je prends aussi beaucoup de plaisir à jouer avec mon petit garçon et découvrir son développement. Finalement, j’aime aller marcher en montagne pour aérer le corps et l’esprit, afin de respirer l’air pur et vivre des moments d’émerveillement face aux magnifiques paysages de la nature.