Le chercheur Marc Corbière, directeur scientifique adjoint du CR-IUSMM, a une formation interdisciplinaire en psychologie du travail, en ergonomie, en réadaptation au travail et en counseling de carrière. Ses travaux de recherche portent principalement sur le développement, l’implantation et l’évaluation d’interventions, ainsi que la validation d’outils de mesure liés à la santé mentale et au travail. Le professeur Corbière est titulaire de la Chaire de recherche en santé mentale et travail, financée par la Fondation de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Récipiendaire de plusieurs bourses salariales de différentes institutions gouvernementales au cours de sa carrière (junior à sénior), il a à son actif près de 160 articles scientifiques et une centaine de rapports de recherche sur la thématique de la santé mentale et du travail. Il a présenté plus 400 conférences à travers le monde.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?
Grâce à ma formation plurielle et à l’exploration de plusieurs domaines d’études, la thématique de la santé mentale et du travail m’est venue naturellement. Je me souviens qu’en 1998, l’IRSST m’avait dit : « Monsieur Corbière, votre projet postdoctoral sur la réinsertion au travail de personnes avec un trouble mental est en avance de 10 ans ». Mes collègues français m’ont dit la même chose 10 ans plus tard. La thématique de la santé mentale et du travail est désormais considérée comme un enjeu d’actualité et de santé publique. Toujours désireux d’approfondir la question, j’explore à présent l’articulation des sciences et de la politique en participant au programme « L’interface » de l’Acfas et du Fonds recherche du Québec. Comprendre comment les leaders politiques prennent leurs décisions concernant l’implantation d’interventions éprouvées, notamment sur le thème de la santé mentale et du travail, est devenu ma nouvelle tasse de thé.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
Chaque projet est une source de fierté, car il permet de comprendre un fragment, un angle différent, de cette grande mosaïque qu’est la thématique de la santé mentale et du travail. Je suis particulièrement fier de la modélisation de plusieurs concepts, de leur articulation et de leur opérationnalisation sous la forme d’outils et d’interventions. D’ailleurs, ces innovations aident les intervenants à accompagner les personnes avec un trouble mental dans leur processus de retour au travail, visant un retour durable et en santé. L’outil ORTESES, l’intervention PRATICAdr ainsi que les guides pratiques de retour au travail sont, à mon sens, de belles illustrations de ces innovations.
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
C’est de tenter de compléter cette mosaïque de connaissances dans mon champ d’études. C’est également partager et confronter les idées avec mes collègues. Je suis toujours à l’affût d’un nouvel angle à explorer. Ce qui me motive, c’est de rassembler des personnes issues de différents systèmes, contextes et disciplines pour échanger des points de vue différents. Notre colloque international de la Communauté de pratiques en santé mentale et travail (CoP-SMT), qui aura lieu à Montréal en octobre 2024, est une belle illustration de cet intérêt. D’ailleurs, voici le lien pour le colloque : Santé mentale et travail, s'inspirer, s'outiller, s'allier et innover.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs?
Je leur recommande de persévérer malgré les obstacles dans le domaine de la recherche. Il est important de rester concentré sur la tâche, sur l’objectif. Je suggère également de mener simultanément plusieurs projets qui ont des rythmes différents. Certains sont lents, d’autres, plus rapides, pour la collecte de données. Il est donc important de trouver cet équilibre dans l’éventail de projets mis en place. De plus, je leur recommande de s’associer avec deux ou trois chercheurs avec lesquels ils peuvent avoir une bonne complicité sur le plan intellectuel, méthodologique ou sur d’autres aspects de la recherche, idéalement dans des disciplines différentes des leurs. Je finirais en disant : ayez du fun quand vous faites de la recherche!
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit?
Il y avait plein de métiers qui m’intéressaient dans ma jeunesse. Il n’est donc pas surprenant que cela m’ait amené, plus tard, à travailler dans le domaine du counseling de carrière. En bref, ce qui germait en moi depuis mon enfance s’est toujours ancré un peu plus avec l’âge : explorer, fouiller, accoucher des idées, les partager et les coucher sur le papier depuis 30 ans!
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule, vous inspire ou vous apaise dans votre quotidien?
Ce qui m’apaise et m’inspire, c’est d’avoir un contact avec la nature. J’aime être en forêt, marcher, cueillir des champignons, faire du ski, aller à la pêche à l’achigan. J’adore m’imprégner de la nature, quelle que soit la saison, et simplement entrer dans la forêt pour ressentir que la forêt s’infiltre en nous.