Le Groupe de recherche Loricorps de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et affilié au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CR-IUSMM) a récemment publié deux articles portant sur les attitudes et comportements alimentaires de fonctionnels à dysfonctionnels. Un merci tout spécial à la Fondation de l’IUSMM qui soutient la réalisation de ces travaux.
L’article intitulé : "Eating disorders: When food 'Eats' time", a été publié dans la revue scientifique ‘Appetite’. Ce travail a été réalisé par Marie-Josée St-Pierre dans le cadre de ses études doctorales dirigées par Johana Monthuy-Blanc. La recherche porte essentiellement sur l’impact des troubles des conduites alimentaires (TCA) sur les activités quotidiennes, appelées occupations.
En considérant les TCA comme des perturbations perceptuelles, la fixation sur le poids et la forme corporelle peut entraîner un désinvestissement ou un investissement excessif dans certaines occupations particulièrement celles mobilisant le regard d’autrui. L'étude, basée sur des données anonymisées provenant de la Banque de données eLoriCorps (n=106), caractérise les occupations quotidiennes des personnes atteintes de TCA. Les résultats indiquent qu'au-delà de l'aspect quantitatif de l'investissement, il est important de différencier les occupations dysfonctionnelles apparentes des occupations dysfonctionnelles cachées, en se basant sur les manifestations propres aux TCA- et sur le sens accordé à cet investissement par la personne. De plus, l’émergence d’occupations-symptômes apparaît dans la description d’une journée type comme un SUR-investissement de l’occupation alimentation ou de comportements alimentaires dysfonctionnels. En envisageant l'avenir, la santé mobile offre la possibilité de capturer les données en temps réel pour mieux comprendre la perception des occupations et intervenir de manière ciblée sur les aspects cachés des TCA.
Également, l’article "When Eating Intuitively Is Not Always a Positive Response: Using Machine Learning to Better Unravel Eaters Profiles" est une étude particulièrement intéressante publiée dans les colonnes du prestigieux Journal of Clinical Medicine. Cette recherche menée par Johana Monthuy-Blanc et le Loricorps a permis de mettre en lumière le rôle de l'intelligence artificielle comme outil de recherche. L’utilisation de la santé numérique permet d’améliorer la compréhension, d’évaluation et d’intervention en santé alimentaire.
À partir d’une plateforme en ligne, 317 participants québécois ont répondu à des questionnaires sur leurs comportements alimentaires pendant le confinement pandémique. L’étude a révélé 7 profils allant du plus fonctionnel au plus dysfonctionnel. Un profil intrigant difficilement détectable appelé "mangeur perceptuel" est apparu, caractérisé par une insatisfaction corporelle marquée et des relations problématiques avec l'alimentation, mais sans comportements restrictifs ou boulimiques évidents. Cette approche promet d'améliorer la santé mentale et physique grâce à la santé numérique en exploitant l'apprentissage en profondeur pour caractériser différents profils de mangeurs. La variété des profils de mangeurs observée le long d'un continuum d'attitudes et de comportements alimentaires souligne l'importance d'une approche de santé intégrée, englobant à la fois la dimension physique et mentale, et visant à la fois la prévention et la thérapie grâce aux solutions numériques telles que l'éducation en ligne à la santé et e-santé.
Félicitation au Loricorps pour ces deux recherches précieuses qui apportent une contribution significative à la communauté scientifique à propos des attitudes et comportements alimentaires (ACA). Cela arrive à un moment crucial, en cette période post-pandémique où les défis de santé alimentaire sont en constante augmentation.