Le cerveau des personnes atteintes de la schizophrénie perçoit comme menaçants des stimuli qui sont pourtant neutres. Publiée dans la prestigieuse revue scientifique American Journal of Psychiatry, l’étude réalisée par Stéphane Potvin et son équipe de recherche démontre que le cerveau des patients atteints de la schizophrénie détecte des menaces là où il n’y en a pas.
« Nos résultats montrent que le cerveau de la personne atteinte de la schizophrénie réagit à la présentation d'un visage neutre comme si ce visage exprimait de la colère ou d'autres formes d'émotions négatives », explique Stéphane Potvin, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal.
Écoutez l’entrevue, Tout un matin, Radio-Canada, 19 septembre 2019
Selon l'Organisation mondiale de la Santé, la schizophrénie est l'une des 10 principales causes d'invalidité en Occident. En effectuant une méta-analyse de 23 études en neuroimagerie fonctionnelle auprès de patients atteints de la schizophrénie, l'équipe de recherche a examiné l'activité cérébrale des patients en réponse à des stimuli neutres et émotionnellement négatifs. De façon intrigante, c'est lors de la présentation des stimuli neutres, comme un visage n'exprimant aucune émotion par exemple, que l'équipe a détecté les différences les plus significatives.
Les résultats ont révélé des activations cérébrales accrues dans plusieurs régions du cerveau en réponse à des stimuli neutres chez les participants atteints de la schizophrénie, comparativement aux participants qui ne sont pas atteints de ce trouble mental grave. Fait important: les régions cérébrales qui ont montré une réponse aberrante sont des régions du système limbique (le cerveau des émotions), comme l'amygdale, soit des régions du cerveau qui sont habituellement impliquées dans la détection de menaces dans notre environnement.