Dans le cadre de la journée de l’anti-intimidation du 17 décembre, le CR-IUSMM vous présente Isabelle Ouellet-Morin qui est docteure en psychologie et professeure titulaire à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Chercheure au CR-IUSMM, au Centre d'études sur le stress humain et au Groupe de recherche en inadaptation psychosociale chez l'enfant, elle est co-directrice du Centre d'expertise en technologie de l'information en santé mentale, dépendance et itinérance (CETI-SMDI) et responsable de l’axe Innovation sociale de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES).
Cette professionnelle émérite en psychopathologie du développement a la fibre entrepreneuriale qu’elle met à profit dans ses activités de recherche et de mobilisation des connaissances qui ont des retombées concrètes pour la société. Avec son équipe, Isabelle Ouellet-Morin a développé l’application mobile +Fort pour soutenir les jeunes victimes d’intimidation et elle lancera sous peu une plateforme d’apprentissage en ligne pour outiller les acteurs scolaires dans leurs interventions en situation d’intimidation. Ses travaux portent sur les mécanismes psychologiques et physiologiques du stress auprès des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Ils abordent la réponse physiologique au stress dans un contexte de victimisation (ex. : maltraitance, intimidation par les pairs) et aux répercussions de ces expériences sur la santé mentale et les problèmes de conduite. Ces recherches s'intéressent aux facteurs qui contribuent à la vulnérabilité et à la résilience des jeunes.
La chercheure a obtenu son baccalauréat, sa maîtrise et son doctorat en psychologie à l’Université Laval. Son mentor, Michel Boivin, lui a inculqué le plaisir de la rigueur scientifique. Dre Ouellet-Morin poursuit, encore aujourd’hui, plusieurs projets de recherche avec lui. Elle a ensuite complété deux stages postdoctoraux au Centre de recherche de l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal d’abord, puis à l’Institut de psychiatrie du King’s College London (Royaume-Uni), sous la supervision de Louise Arseneault, où elle a appris le plaisir de communiquer ses découvertes scientifiques efficacement au grand public.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?
J’ai toujours été fascinée par le défi de comprendre la complexité des mécanismes par lesquels les expériences d’intimidation, de victimisation et d’adversité suscitent des difficultés chez les jeunes et comment prévenir ces difficultés. Mieux comprendre cette question nous permet ultimement de mieux intervenir.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
Il y en a plusieurs, mais en ce qui concerne l’intimidation, c’est sans doute le lancement d’une application mobile (+Fort) pour aider les jeunes victimes d’intimidation. C’est une contribution directe et concrète à la société qui diffère des objectifs poursuivis dans la recherche empirique. Cette initiative m’a amené ensuite à travailler avec des intervenants scolaires pour mieux les outiller à intervenir auprès des élèves impliqués ou témoins d’intimidation à l’aide d’une formation en ligne (+Fort Ensemble).
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
Je suis animée par le désir de comprendre pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables tandis que d’autres sont plus résilientes. C’est une question complexe qui demande un travail d’équipe multidisciplinaire. Je veux contribuer à créer une infrastructure de connaissances et de données qui vont contribuer à pousser encore plus loin les limites des connaissances dans ce champ d’études et de mobiliser ces connaissances en interventions ou en innovations sociales par la suite.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs ?
Je suggère aux jeunes chercheurs d’oser entreprendre de grandes choses et de poser les questions qui les passionnent vraiment. Lorsqu’un sujet nous passionne et que l’on s’allie à des personnes aussi motivées que nous, rien ne nous arrête.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petite?
Je pensais devenir une policière. La pédiatrie et la profession d’avocate ont également suscité de l’intérêt pendant un certain temps. Je suis maintenant professeure en criminologie développementale, ce qui rallie finalement plusieurs de ces professions… Le déclic est finalement survenu quand j’ai réalisé que je pouvais être psychologue en milieu carcéral. La recherche s’est ensuite imposée à moi, notamment à cause de l’autonomie qu’elle procure et la possibilité de rejoindre, autrement, un plus grand nombre de personnes. Les chercheurs qui font de l’innovation sociale sont, dans le fond, des entrepreneurs sociaux.
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise dans votre quotidien?
J’aime beaucoup cuisiner. Cette activité de loisir me calme et m’aide à me sortir de ma tête, tout en étant utile et fait plaisir à ma famille. Je passe également beaucoup de temps avec mes enfants. Voir comment elles se développent, comment elles pensent et qu’est-ce qui les font vibrer, c’est une autre façon de s’inspirer pour mes recherches.