Le confinement pandémique dû au de coronavirus a engendré de nombreux changements dans nos vies et dans notre quotidien. Notamment, le fait d’adopter un nouvel environnement de distanciation physique et social. Ce changement dans la façon de vivre notre sociabilité a provoqué chez certaines personnes une mutation des attitudes et des comportements alimentaires, induite par la façon de se percevoir physiquement. C’est ce que nous apprend une recension de la littérature de vingt-et-un articles sur les troubles perceptuels (par exemple, le trouble dysmorphique du « zoom ») et alimentaires (par exemple, alimentation émotionnelle), réalisée par Johana Monthuy-Blanc, chercheuse au CR-IUSMM, et son équipe transdisciplinaire du Groupe Loricorps affiliée à l’UQTR. L’objectif de cette recension en santé mentale, publiée entre mars 2020 et avril 2022, vise à étudier les conséquences de la situation pandémique sur le mal-être alimentaire.
Dans toutes les études de cette revue de littérature, deux phénomènes semblent être associés aux troubles perceptuels liés à l’image du corps et aux attitudes et comportements alimentaires dysfonctionnels : les réseaux sociaux, les visioconférences et l’activité physique. La pression médiatique par la (sur)utilisation inadaptée de Facebook et des rencontres en visioconférence a accentué la promotion de la « minceur musculeuse » et des idéaux physiques. Cette impulsion a donné lieu à une perte d’identité corporelle et alimentaire. Les activités physiques plaisantes se sont transformées – auprès des populations vulnérables – en exercices excessifs, synonymes de comportements compensatoires inappropriés et de dépendance aux mouvements dans le but avoué d’éviter la prise de poids.
Plusieurs types de populations ont été échantillonnées pour ces études. Néanmoins, les femmes blanches et les personnes hétérosexuelles constituent la majorité des personnes sondées. La revue scientifique confirme que les attitudes et les comportements alimentaires dysfonctionnels se manifestent plus souvent chez les populations marginalisées et souvent stigmatisées, soit les membres de la communauté LGBTQ+ et les personnes s’identifiant comme PANDC (personnes autochtones, noires ou de couleur). Le fait que la plupart des enquêtes aient été menées dans des cultures occidentales met en lumière que les troubles perceptuels relatifs à l’image du corps sont des syndromes liés à l’internalisation d’une minceur, l’intériorisation de l’idéal mince et musclé.
Cette revue offre une compréhension actualisée et innovante sur les troubles mentaux liés aux troubles perceptuels et alimentaires. Ces conclusions questionnent sur la façon de concevoir la santé et le réseau de santé, désigné au moyen d’un continuum du bien-être alimentaire propre à l’éducation à la santé et au mieux-être alimentaire. L’idée est d’intervenir autrement et précocement afin d’affronter les événements critiques de la vie.