Dans le cadre de la Semaine nationale de la santé mentale, le CR-IUSMM vous présente le portrait d’un chercheur et kinésiologue dynamique, Ahmed Jérôme Romain.
Dans le cadre de ses recherches, le Dr Romain s’intéresse à la promotion de l’activité physique et à la compréhension des facteurs pouvant favoriser une meilleure santé physique chez les personnes atteintes de troubles de santé mentale ou chez celles qui sont à risque d’en développer (par ex. : obésité, maladies chroniques, isolement social).
Dr Romain a grandi et complété ses deux premières années d’études en kinésiologie en Guadeloupe. Celui qui n’envisageait pas du tout de faire de longues études a été poussé par sa grande curiosité à compléter un doctorat à l’Université de Montpellier sur le comportement humain face à l’activité physique. Ses études portaient plus précisément sur la motivation des personnes en situation d’obésité à faire de l’activité physique. Il est ensuite venu s’installer à Montréal afin de réaliser un post-doctorat sur le rôle de l’activité physique auprès de personnes atteintes de trouble psychotiques et d’obésité.
À travers son parcours académique, il a fait des rencontres significatives, de patients et d’experts, qui ont aiguillé sa route et ses premiers ancrages comme chercheur. Soulignons, le Dr Jean-Frédéric Brun du CHU de Montpellier qui l’a toujours encouragé à devenir chercheur, et qui lui a permis de travailler pour la première fois avec des personnes atteintes de troubles de santé mentale. Aussi, le professeur Antoine Avignon, directeur du service nutrition diabète au CHU de Montpellier, qui lui a proposé de faire son doctorat. Également, notons l’influence de la Dr Amal Abdel-Baki, psychiatre au CHUM, qui a appris au Dr Romain à être humain tout en étant exigeant et à toujours se dépasser pour le bien-être des patients.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
Je suis très fier de l’étude interventionnelle que j’ai menée lors de mon postdoctorat. Celle-ci visait à évaluer les bénéfices sur la santé physique et la diminution des symptômes psychotiques d’un entrainement par intervalles chez des patients ayant des troubles psychotiques et de l’obésité. Nous avons même développé une application mobile pour les encourager à faire de l’activité physique tous les jours.
Également, je suis très fier d’un article publié dans The Journal of Affective Disorder en 2018 qui a été cité de manière importante dans la littérature scientifique. Ce dernier démontrait que les personnes atteintes d’obésité et souffrant de troubles de l’humeur étaient plus à risque de développer d’autres pathologies physiques et problèmes de santé mentale ainsi que d’utiliser davantage les services de santé.
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
Je suis très motivé à continuer de faire la promotion de l’activité physique et des bienfaits sur la santé mentale. D’ici la fin de ma carrière, j’aimerais que les gens hospitalisés, avec ou sans troubles de santé mentale, puissent faire de l’activité physique tous les jours. Mon rêve : un espace pour faire de l’activité physique dans toutes les installations de santé. Par exemple : un kinésiologue qui fait bouger un patient en attendant son rendez-vous chez le médecin au CLSC ou dans un GMF. Ou encore, un programme de remise en forme ou un groupe de marche qui est proposé à des personnes atteintes de dépression et en attente de services.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs?
L’activité physique n’est pas assez valorisée. Tout le monde affirme que c’est important, pourtant il n’y a pas de kinésiologue d’impliqué dans les programmes de soins en santé physique et en santé mentale. Il reste donc du travail à faire! Soyez curieux, entêté et bien entouré! Et surtout, croyez en vos ambitions, peu importe vos origines ou votre profil socio-économique, l’essentiel c’est de toujours aller plus loin.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit?
Je voulais être maître-nageur ou pompier, je n’avais pas envie de faire de longues études. En fait, je ne connaissais pas de chercheur noir et je ne pensais pas que c’était une possibilité pour moi. Le destin m’a pourtant amené à aller à l’université et à devenir chercheur à force d’encouragements de mon entourage et de rencontres inspirantes. C’est un accident!
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise le plus dans votre quotidien?
Naturellement, j’aime bouger, surtout avec mes enfants. Je me déplace à vélo été comme hiver, je cours et j’aimerais reprendre le water-polo. Cependant, ce qui me fait décrocher le plus, c’est de faire de la bière! J’aime passer du temps à faire de nouvelles recettes, trouver le bon dosage et les temps de fermentation, ça me détend!