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Centre intégré universitaire de santé
et de services sociaux de l'Est-de-l'Île-de-Montréal

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Actualités

La beauté de la transdisciplinarité – Portrait de la chercheure Johana Monthuy-Blanc

Dans le cadre de la Journée mondiale des troubles des conduites alimentaires, le CR-IUSMM vous présente le portrait d’une chercheuse unique, Johana Monthuy-Blanc.

La Dre Monthuy-Blanc est responsable du Groupe de recherche Loricorps au CR-IUSMM et professeure titulaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières depuis plus de dix ans. L’équipe transdisciplinaire du Loricorps, particulièrement dynamique, étudie la compréhension, l’évaluation et les interventions liées aux attitudes et aux comportements alimentaires (fonctionnels et dysfonctionnels) issus de troubles perceptuels de toute forme.

Originaire de la Côte d’Azur en France, la Pre Monthuy-Blanc grandit au sein d’une famille enseignante. C’est donc tout naturellement qu’elle entreprend des études pour devenir professeure d’éducation physique. Mais son parcours ne s’arrête pas là : la sportive de nature veut aller plus loin, se dépasser. Quasiment en secret, elle poursuit des études au doctorat tout en continuant d’enseigner en adaptation aux élèves du primaire et secondaire. Ses intérêts : la dynamique du concept de soi et l’anorexie mentale.

Son destin l’amène à poursuivre un second doctorat dans le cadre d’une cotutelle franco-québécoise à l’Université de Sherbrooke, au Québec, où les esprits sont plus ouverts et où Johana se sent plus libre de vivre ses aspirations. Successivement, trois mentors qui ont aussi osé dans le milieu académique, trois hommes et pères, ayant à eux trois, neuf enfants et l’équivalent de trois chaires de recherche ont coloré et colorent toujours son parcours académique. Le Pr Gregory Ninot, son directeur de thèse de l’Université de Montpellier en France, précurseur des méthodes écologiques instantanées en santé via les perceptions, lui a inspiré la santé mobile avec l’intervenant de poche Loricorps. Fait inusité, le Pr Ninot a dirigé Ahmed Romain Jérôme et Paquito Bernard, deux chercheurs du CR-IUSMM; comme une façon 15 ans plus tard de boucler la boucle pour Johana. Le Pr Michel Probst, son superviseur de postdoctorat de l’Université de Louvain en Belgique et pionnier de l’utilisation de la thérapie corporelle pour les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires, lui a confirmé la prédominance des troubles perceptuels dans les troubles des conduites alimentaires. Enfin, le Pr Stéphane Bouchard, son superviseur de postdoctorat de l’Université du Québec en Outaouais, précurseur de la Cybersanté au Québec avec qui Johana a développé l’échelle immersive de continuum des corps virtuels-eLoriCorps.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?

L’anorexie mentale est le trouble du comportement alimentaire qui m’a toujours fasciné : la volonté et la force de vouloir disparaître au péril de sa vie, au point d’être le trouble de santé mentale le plus mortel.

Je garde également un stigma d’enfance où on se moquait de moi en m’appelant « Johana anorexia », à cause de mon poids corporel et ma morphologie fluette dus à mon métabolisme très actif. Je voulais casser la mystification de la représentation corporelle : un corps maigre ou gros n’est pas nécessairement synonyme de trouble mental ou physique, mais bien de la singularité propre à chaque personne.

Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes la plus fière dans votre carrière?

J’ai envie de vous proposer un « ET » si vous le permettez. L’accomplissement qui m’emplit de fierté : le Loricorps en tant qu’unité de recherche, car j’ai créé un environnement favorable à la fédération des expertises et des expériences grâce au processus de transdisciplinarité. Nous sommes aujourd’hui une équipe puissante, audacieuse, originale et créative, composée de personnes en confiance et de confiance qui aiment prendre des risques, qui s’adaptent aisément

aux nouveautés et qui ont des parcours non linéaires et riches. Au Loricorps, les étudiants sont recrutés selon leurs savoirs (académiques, -faire, -expérientiels) dans un écrin de savoir-être.

Notre projet collectif dont je suis fière : les programmes en e-Santé ou e-Éducation à la santé reposant sur l’approche transdisciplinaire ePros-A. Développée dès 2015, cette approche nous a permis de devenir des précurseurs dans le domaine.

Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?

Après 15 ans de recherche, j’ai compris récemment que je n’étais pas une chercheure, mais une chercheure entrepreneure. J’aime entreprendre en créant de la valeur-recherche, en maillant les secteurs de recherche, en initiant des alliances, en m’entourant de personnalités diverses et variées, en convainquant des non-initiés à ou de l’importance de s’intéresser aux troubles perceptuels associés aux comportements alimentaires dysfonctionnels, et ce, pour développer des solutions numériques afin d’intervenir autrement, précocement et quotidiennement.

Quels conseils aimeriez-vous transmettre à la communauté des nouveaux chercheurs?

Ceux de deux entrepreneurs de la vie. Celui de Steve Jobs : « On vous dit que votre projet n’a pas de sens et que vous allez vous planter ? Continuez, vous êtes dans la bonne voie! » Et c’est exactement ce qui m’est arrivé! Celui d’Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles ». Et c’est exactement ce que je souffle à l’oreille de mes enfants à chaque rentrée scolaire.

Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petite?

Je voulais être pilote d’avion de chasse. Peut-être l’effet « Top Gun » ou parce que j’adore être dans les airs pour prendre du recul et vivre des sensations fortes. J’ai toujours été attirée par les défis spectaculaires, le sport intense et l’adrénaline.

Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule, vous inspire ou vous apaise dans votre quotidien?

Difficile pour moi de méditer. Je préfère être dans l’action en pleine conscience via le yoga, le ski ou la cuisine… la dégustation alimentaire n’est jamais très loin. J’ai un goût pour la « beauté » comme l’attestent les représentations artistiques associées au Loricorps, une sensibilité de toujours initiée par mes études au Conservatoire des Arts de Nice. Néanmoins, mes plus « beaux » moments se passent avec ma famille. Je suis devenue une meilleure chercheure le jour où je suis devenue une maman de trois enfants.