Steve Geoffrion est professeur agrégé à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, codirecteur du Centre d’étude sur le trauma et chercheur régulier au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Psychoéducateur, il a travaillé pendant plus de douze ans dans le domaine de la protection de la jeunesse, comme intervenant et comme gestionnaire. Il se spécialise dans l’intervention des personnes ayant vécu des traumatismes psychologiques. Depuis plus de quinze ans, il étudie les troubles liés aux événements potentiellement traumatiques. Son programme de recherche vise à améliorer la prévention de leurs conséquences psychologiques.
Le chercheur détient un baccalauréat en sécurité et études policières ainsi qu’une maîtrise et un doctorat en criminologie de l’Université de Montréal. Stéphane Guay, son directeur au doctorat, a été un modèle inspirant. Il l’a amené à intégrer la méthode scientifique en contexte clinique. Il lui a permis de prendre en compte toutes les connaissances entourant le stress post-traumatique dans le milieu de la santé, des services sociaux et de la santé publique.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce domaine de recherche?
Je suis un ex-intervenant dans le domaine de la protection de la jeunesse. À l’époque, je voyais que mes collègues étaient énormément affectés par tout ce qu’ils voyaient comme souffrance humaine et tout ce qu’ils vivaient dans le cadre de leur travail. J’ai eu l’occasion de constater que les pratiques de soutien psychologique étaient inexistantes. C’est mon expérience personnelle, en tant qu’intervenant, qui m’a amené à développer une expertise en recherche sur la façon dont on peut mieux soutenir les travailleurs au niveau de leur santé mentale au travail, particulièrement les travailleurs qui sont exposés à des événements traumatiques comme la violence, le suicide ou la maltraitance des enfants.
Quel est le projet ou l’accomplissement dont vous êtes le plus fier dans votre carrière?
On est en train de changer de paradigme dans le domaine de la prévention des réactions post-traumatiques en contexte organisationnel. Avant, la méthode de soutien consistait à orienter les gens vers le programme d’aide aux employés. Maintenant, on développe du soutien de proximité en formant les pairs-aidants, les intervenants et les gestionnaires pour qu’ils soutiennent leurs collègues après des événements difficiles. Nous avons élargi cette pratique à des policiers de la SQ, à des intervenants de la Ville de Laval et à des employés du centre d’appels 911. Ce dont je suis le plus fier, c’est qu’avec les projets de recherche de transfert des connaissances, on démocratise le soutien psychologique.
Qu’est-ce qui vous motive à poursuivre vos recherches?
Les résultats des projets, les témoignages et les demandes qui me sont faites confirment que mes initiatives répondent à un besoin dans la société. Je vois des retombées concrètes des programmes qui ont été implantés. Je vois les gens qui ont bénéficié des projets. Cela a amélioré leur qualité de vie, leur santé mentale. Le transfert des connaissances, l’amélioration des pratiques et le changement dans les politiques sociales, c’est ce qui me motive à continuer mon travail.
Quels conseils aimeriez-vous transmettre à de jeunes chercheurs?
Quand tu commences dans le milieu de la recherche, il faut que tu sois disposé à travailler fort sans attendre une reconnaissance immédiate. C’est un peu comme une start-up. On doit apprendre à être patient. Les résultats de nos projets mettent du temps à venir. C’est un travail de marathonien, pas de sprinter. C’est une carrière très exigeante qui demande que l’on prenne des moments de détente pour se ressourcer, décrocher du travail.
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit?
Quand j’étais petit, je voulais devenir policier. Ce n’est pas un hasard si j’ai fait une formation en criminologie. Lorsque j’étais jeune, je voulais aider les gens qui vivaient des moments de détresse intense, être capable de calmer les enjeux et offrir une relation d’aide. Quand j’intervenais dans le milieu de la protection de la jeunesse pour faire de l’évaluation et de l’orientation de signalement, c’était un peu un travail d’enquêteur psychosocial que je faisais. Mon travail de chercheur, c’est d’investiguer aussi.
Quel est le lieu ou l’activité qui vous stimule/inspire/apaise dans votre quotidien?
Dans mes temps libres, je m’adonne à plein d’activités pendant lesquelles je n’ai plus à réfléchir. J’aime la pêche à la mouche. Je fais du vélo. Je vais voir des spectacles de musique électronique. Je m’entraîne au gym, je fais du yoga. Je passe beaucoup de temps avec des amis pour me livrer à des activités ludiques comme des jeux de société.